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Comment nous assemblons notre microbiote avec l'aide de nos mères


L'acquisition d'un microbiote stable et protecteur est un enjeu majeur de nos premières années. Il doit à la fois être diversifié et comporter des espèces favorables, comme les Bifidobacterium. Les pleurs des nourrissons dans leurs premiers mois expriment non seulement la faim, mais aussi les douleurs digestives ou les indispositions intestinales dues à des pathogènes et ils nous rappellent l'importance d'un microbiote adéquat.

Les prématurés, dont le tube digestif immature à la naissance se colonise mal et présente un microbiote peu diversifié, illustre cet impératif a contrario.

Jusqu'à 5 % d'entre eux développent une entérocolite nécrosante, où des bactéries opportunistes détruisent l'intestin. Mortelles dans 30 % des cas, les entérocolites sont 2 fois moins fréquentes lorsqu'on administre préventivement des bifidobacteries aux prématurés.

Ces apports de microbes favorables portent le nom de probiotiques, et leur utilisation pour les nourrissons est en plein essor : des probiotiques (lactobacilles et bifidobactéries) réduisent de plus de moitié la fréquence et la durée des diarrhées !

Il existe au moins trois facteurs déstabilisants, outre la naissance prématurée. Le premier facteur est la césarienne : elle confère à l'enfant un microbiote intestinal de type cutané ; on peut le corriger en apportant à l'enfant des fluides vaginaux maternels, mais cette pratique n'est pas encore routinière.

Le deuxième est une antibiothérapie prolongée qui laisse place aux microbes opportunistes.

Le troisième facteur est l'utilisation de lait maternisé, bien moins favorable de ce point de vue que le lait maternel. Mais pourquoi ?

Un allaitement au sein favorise un "bon" microbiote de deux façons. D'abord, la surface du mamelon et les orifices des glandes mammaires sont sources de bactéries : il y en a jusqu'à 1 million par millilitre de lait maternel, alors que le lait stérilisé et la tétine désinfectée en sont dépourvus. Mais le mécanisme le plus époustouflant est que le lait contient... un aliment pour les bactéries favorables !

On parle souvent des anticorps du lait qui, de fait, régulent aussi favorablement la composition du microbiote de l'enfant, mais on ignore souvent un autre constituant. Le lait humain contient en abondance des oligosaccharides, formés de 3 à 5 molécules de sucres reliées entre elles, qui sont par leur abondance (15 grammes par litre) le troisième constituant du lait, après le lactose et les lipides, mais devant les protéines !

Comme ils ne sont pas digérés par l'enfant, on a longtemps méconnu leurs fonctions biologiques et ils n'ont pas été ajoutés aux laits maternisés, dérivés de laits bovins qui en sont dépourvus. Or, ces oligosaccharides ont, indirectement, un rôle majeur pour l'enfant...

Les mères qui souffrent de malnutrition montrent a contrario le rôle des oligosaccharides, car leur lait en contient moins et cela conduit à un microbiote peu favorable chez l'enfant. Les oligosaccharides agissent en nourrissant des bifidobactéries et des lactobacilles favorables, qui digèrent ces oligosaccharides.

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